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LA VIE DES PAYSANS DE LA REGION AU COURS DES SIECLES

     Comme nous allons le voir, la vie des paysans et leurs méthodes de travail ont peu évolué jusqu’au début du XXe siècle. C’est l’agriculture qui a toujours nourri la population. Les nobles et les bourgeois enrichis dans le négoce ou la banque possédaient les biens au soleil. Mais les paysans et serfs travaillaient selon des procédés archaïques.

     A l’époque préhistorique, l’âge de la pierre taillée a laissé des traces dans les Landes. Puis les hommes apprennent à polir la pierre et fabriquer des poteries. Ils travaillent la terre et sont surtout des éleveurs de bétail. Avec l’usage des métaux, commence la période historique. La présence du tumulus des Landes de Navailles, de celui de Basté permet de supposer que sur nos terres vivaient des paysans faisant un peu de culture et l’élevage d’animaux domestiques.

     Au temps des Gaulois, les Ibéres occupaient notre pays au sud de la Garonne et vivaient surtout de l’élevage du gros bétail et des moutons. Des montagnards venus des Pyrénées conduisaient leurs troupeaux dans les landes de Chalosse. Les paysans habitaient de petites maisons de bois et de terre sèche couvertes de chaume. Ils adoraient les divinités naturelles : forêts, arbres, sources, soleil, astres...

     A l’époque gallo-romaine, les riches propriétaires de la Chalosse firent bâtir de belles résidences (des villas). Les Romains introduisirent la vigne et la production des céréales s’accrut. Les arbres fruitiers étaient nombreux. L’administration romaine procura au pays de la paix et du bien-être, moyennant le paiement d’impôts qui devinrent très lourds et provoquèrent des révoltes paysannes.

     A l’époque des invasions du IVe siècle, la région connut une triste successions de brigandages, famines, et épidémies.

     Du Ve au Xe siècle l’Aquitaine vécut une période très troublée. Elle fut souvent envahie et soumise à de multiples dominations. Les années de paix réparaient les maux des invasions. La féodalité commençait à s’organiser, tandis que l’église reconstituait ses diocèses et contribuait à maintenir une tradition de civilisation.

     Au Moyen-Age, la Chalosse faisait partie du duché de Gascogne, (de Bordeaux à l’Espagne), divisé en vicomtés. Les premiers châteaux-forts n’étaient que de simples tours dressées sur les hauteurs (tucs, mothes). Des paysans libres et des serfs travaillaient la terre. Les serfs n’étaient vendus ou cédés qu’avec la terre ce qui permettait à plusieurs générations de vivre sur la même exploitation.

     Au XIe et XIIe siècle, chaque église, centre de la paroisse, devenait le centre d’un village, d’un bourg, les maisons se groupant autour d’un château. Autour des Abbayes, la mise en culture des terres se mit à progresser. Les récoltes et les redevances des paysans et des serfs des abbayes représentaient une grande source de richesse.

     Au XIIIe et XIVe siècle, sous l’influence des seigneurs et des moines, la terre cultivée s’étendit au milieu du Moyen-Age. Les seigneurs attiraient sur leurs terres, des paysans d’autres seigneurs, des serfs en fuite pour les installer dans un coin de leur domaine. C’est ce qui explique le caractère dispersé de la population, le grand nombre de quartiers. Ces paysans, qu’on appelait des "poublans" (peuplants ) fondaient ainsi de nouvelles métairies. Pour devenir indépendants les paysans payaient un droit annuel (le cens), une portion des récoltes.Ainsi, ils étaient émancipés. Pendant cette période, furent fondées les communautés paysannes : les habitants d’un village, qui étaient aussi ceux d’une paroisse, acquirent peu à peu le droit de s’administrer eux-mêmes. Ils formèrent une communauté qui résultait soit d’un simple accord verbal avec le seigneur, soit d’un texte écrit.

     Tous les ans, les habitants se réunissaient pour nommer un jurat (notre maire actuel) qui administrait les biens de la communauté, parmi lesquels figuraient les communaux : forêts, landes, barthes pour le pacage des troupeaux. Les communautés de village durèrent jusqu’à la Révolution. La Chalosse avait de la bonne terre. Les paysans cultivaient le blé, le seigle, la vigne. L’habitat s’était amélioré dans notre village : maisons en torchis ou en pierre, cloisons en torchis, la tuile remplaçant peu à peu le chaume, surtout qu’à Mant une importante tuilerie se trouvait dans les landes de Baillé. Les tuiliers vivaient là, avec leur famille. Ils payaient à la commune une location annuelle de 3000 tuiles et 2 barriques de chaux. Cette tuilerie devait se trouver au lieu dit : "las téoulères ". La région s’organise et un lieutenant du grand Sénéchal de Bordeaux s’installe à Saint-Sever.

     Au XVIe siècle, comme nous l’avons vu, pour l’église Saint-Pierre et l’Abbaye de Pontaut, un chef protestant Montgoméry soudoyé par Jeanne d’Albret, ravagea le diocèse d’Aire, brûlant des églises et massacrant des prêtres. Sous le règne de Louis XIV, Colbert qui voulait tirer de la vente du sel par l’Etat d’importants revenus, établit la gabelle en 1663. Un grenier à sel fut créé à Dax, où la population devait obligatoirement s’approvisionner. C’était contraire aux habitudes de la région qui allait librement, sans payer de droits, chercher son sel à Salies de Béarn ou à Bastennes en Chalosse. Ce sel, était depuis un temps immémorial, transporté à bât par des ânes et des chevaux. Les gabelous, contrôleurs de la gabelle, qui avaient saisi plusieurs de ces paisibles convois, furent chassés d’Hagetmau et des environs par la population.

     Les paysans payaient la dîme (1/10 de la récolte ) au clergé. De nombreux produits étaient touchés : le blé, le seigle, le millet, le maïs qui avait été introduit au début du XVe siècle, en Gascogne. Christophe Colomb l’avait ramené à Séville ; de là, en quelques soixante ans, il gagna le monde entier.

     Au XVIIe siècle, la culture du blé avait pris une grande importance. Celle de la vigne s’y était aussi développée à un tel point qu’on avait dû parfois la restreindre. Cette culture se complétait par un peu d’élevage, beaucoup plus pour travailler et fumer les champs que pour d’autres usages. Le bétail des Pyrénées venait tous les hivers, moyennant redevances, parcourir les champs et les landes. Les glands des forêts communales nourrissaient en partie les porcs à demi-sauvages.

     Le métayage s’était répandu dans le pays. Le partage se faisait aux 2/3. Des familles fort nombreuses vivaient sur une exploitation assez réduite. La population était trop dense pour mener une vie très aisée. Heureusement, la culture du maïs s’intensifia et sauf durant les années trop sèches, écarta la crainte de la disette. Auparavant, la terre n’était travaillée qu’une année sur deux pour rester en jachère la seconde année. Désormais, le maïs et le blé se succédèrent et le sol fut ainsi mieux utilisé. Les paysans, même les plus pauvres, eurent à leur disposition le pain de méture et "l’escauton" Ils mangèrent à leur faim. L’élevage se développa avec l’importation des vaches laitières de Bretagne, le marnage, quelques défrichements, la fabrication de l’eau-de-vie. Le village voisin de Samadet avait une faïencerie célèbre qui connut son apogée au XVIIIe siècle. Elle fabriqua de la belle vaisselle dont on recherche aujourd’hui les pièces devenues rares.

     La Révolution commença dans une période de misère et de malaise, survenue après des années de plus grande prospérité. Les prix ne cessaient d’augmenter ; les moissons de 1787, 1788, 1789 avaient été défectueuses. On redouta la famine, le pain valait huit sous au lieu de trois ou quatre sous. Avant la convocation des Etats Généraux, chaque paroisse, chaque ordre rédigea son cahier de doléances, c’est à dire la liste de ses réclamations. Les vœux les plus cités dans les cahiers se rapportaient à l’instruction, à la réduction des impôts, la suppression de la gabelle, l’abaissement du taux de la dîme, etc.

     Dès 1790, une municipalité administra chaque commune. Tous les Français, âgés de vingt-cinq ans et payant un impôt modeste, équivalent à trois journées de travail, purent voter pour élire leur conseil municipal. Le vote de la Constitution civile du clergé (12 juillet 1790) qui suivit la confiscation des biens du clergé eut de graves conséquences : émigration d’évêques, de prêtres.... prêtres réfractaires, assermentés. Les métayers ne voulaient plus payer la dîme, mais une loi exigea qu’ils versent à leur propriétaire l’équivalent de cet impôt. Pendant le régime du Gouvernement révolutionnaire, les paysans eurent le grain réquisitionné pour ravitailler l’armée.

     Au XIXe siècle, sous l’Empire, la société d’agriculture recommandait de meilleurs procédés de culture, la création de prairies artificielles. Des moutons mérinos furent introduits, améliorant la qualité de la laine. En 1806, les troupeaux de moutons furent décimés par les loups dans les landes de Bailhé.

     En 1830, les paysans manifestèrent leur mécontentement. Les impôts indirects étaient très impopulaires depuis l’Ancien Régime. Parmi eux figuraient les droits d’octroi et de place. Le refus de les payer provoqua parfois des émeutes. La cherté des grains provoqua également des troubles, surtout après la mauvaise moisson de 1831, la grêle de 1839, les pluies continues et grêle de 1841, les inondations de 1843.

     Sous le Second Empire, les impôts sur le vin qui gênaient le commerce intérieur, les droits de douanes, défavorables à l’exportation avaient amené la mévente des vins. D’autres difficultés apparurent : en 1850, ce fut la propagation de l’oïdium et en 1869, le phylloxéra et le mildiou. De nombreux ceps furent arrachés ou dépérirent. Les vignes furent remplacées par des champs et des prairies.

     Au début du XXe siècle, la situation des paysans était précaire. Les grains, (blé, maïs) se vendaient mal. Les familles de métayers, nombreuses, se trouvaient souvent dans la gêne. Les propriétaires devaient les aider par quelques avances. Souvent trop petites comme étendue réellement cultivable, les métairies ne procuraient guère de bien-être à ceux qui les travaillaient. Les progrès matériels dans l’outillage, dans le confort domestique furent lents. En 1920, les métayers, en conflit avec les propriétaires voulaient obtenir un mode de partage plus avantageux (3/5 ).

     Les années précédant la guerre 1939-1945 furent marquées par la mévente des produits agricoles, de nombreux troubles, l’inflation, etc.

     Nous voyons donc que, pendant des siècles, l’agriculture a peu évolué. Les agriculteurs produisaient pour leur consommation, vendaient le supplément, mais les méthodes de travail sont restées archaïques jusqu’à l’apparition des tracteurs, des engrais, d’appareils de plus en plus sophistiqués.

     Nous allons voir comment travaillaient les paysans avant la moitié du XXe siècle.

 

 

 

L’AGRICULTURE D’HIER

Les travaux des champs

     Actuellement, les agriculteurs ont de grandes surfaces à cultiver, mais un demi-siècle nous sépare de la période où les champs ne faisaient guère plus d’un ou deux hectares. Des tertres boisés ou des haies vives protégeaient les cultures, délimitaient les propriétés, servaient de refuge aux oiseaux.

     L’agriculteur essayait d’avoir chaque année une récolte de blé pour son pain, une récolte de céréales secondaires (orge ou maïs) un peu de vin pour sa consommation.

     Pour mieux exploiter ses terres il pratiquait l’assolement, soit biennal : blé, maïs, blé ; soit triennal : blé, maïs, orge ou bien : blé, maïs, jachère. Le procédé de la jachère tant critiqué par l’agronomie moderne, était considéré comme une nécessité. Il permettait de reconstituer l’humus et d’obtenir un désherbage relatif. Les amendements étaient simples et limités au marnage et à la fumure. Le marnage quelque peu humifère et calcaire était bénéfique pour la terre. La marne était extraite des carrières. L’autre procédé d’amendement était la fumure ; le fumier d’étable obtenu par pourrissement de litières diverses : soutrage de touya (fougères, bruyères, graminées, etc.) ou paille, était mis en tas pour qu’il continue à fermenter ou déchargé par monticules dans le champ. Le fumier le plus utilisé provenait des vaches, mais celui de brebis et de cheval était très favorable aux cultures.

Le labour

     Jusqu’au milieu du XIXe siècle, le paysan utilisait l’araire en bois à un ou deux versants rigides, dont l’extrémité armée d’un soc de fer tranchait la terre. Un couple de mancherons, reliés par une traverse permettait au laboureur de tenir, d’appuyer l’instrument au travail et de le soulever pour les manœuvres. Une paire de bœufs ou de vaches le traînait. Ensuite, au XXe siècle, le brabant réversible a remplacé la charrue mobile. Cette charrue à deux socs superposés avec un système pivotant, permettait de retourner la terre du même côté. En bout de champ, tandis que l’attelage tournait, le laboureur, brusquement, soulevait le brabant tout en le faisant tourner pour inverser les socs. Cet appareil plus lourd, qui labourait plus profond, était tiré par deux paires de bœufs dans les terres argileuses. Tôt le matin, le laboureur "soignait" le bétail, surtout les puissants bœufs qui tiraient la charrue. La saison des labours durait longtemps. Le paysan vivait au rythme solaire et non à celui des programmes de radio ou de télévision.

Le labour 31 décembre 1903

 

Le hersage

     La charrue avait laissé bien des imperfections : des mottes, des dénivellations que les paysans rectifiaient à la houe, au râteau, avec une herse rudimentaire formée d’un agencement de pièces de bois entrelacées portant des fers. Ensuite apparaît la herse en fer, puis la "canadienne". Un arc perpendiculaire au plan des traverses permettait manœuvres et nettoyages. S’il restait des mottes, si le sol n’était pas assez nivelé, l’agriculteur passait le rouleau (tronc de bois bien arrondi). Plus tard il a eu le rouleau en fer ou en ciment plus lourd, donc plus efficace. Parfois avant de semer, il passait de nouveau la herse.

Le hersage

Le roulage

 

Les semailles

     Jeter le grain sur la terre était le travail de l’homme. Si un terme poétique fut exact, c’est celui du "geste auguste du semeur". Le semeur jalonnait d’abord son parcours à grandes enjambées. Il délimitait une bande de 5 à 7 m de large sur toute la longueur du champ. Il tenait de son bras gauche un récipient garni de grains. Tous les deux pas, c’était l’ample mouvement du bras droit qui, à la volée, jetait la semence.

     De la fin du XIXe siècle aux années 50 certains ajoutaient un bain de sulfate de cuivre à la semence comme traitement insecticide. Après le semis, un hersage égalisait la terre et recouvrait le grain. Enfin, c’était le passage du rouleau.

La culture du blé

     La préparation du sol et les semailles se faisaient comme indiqué plus haut. Le paysan surveillait la germination. Si de mauvaises herbes se détachaient au-dessus du blé en herbe, aidé de la famille, il les enlevait à la pioche. Quand le blé arrivait à maturité, vers le mois de juillet, la moisson était l’occasion de rencontres et d’entraide avec les voisins et la famille. Elle se faisait à la faucille ou à la faux munie du râteau à grandes dents, puis au début du siècle avec la faucheuse qui le déposait en javelles. Ensuite ces javelles étaient mises en gerbes nouées avec une poignée de blé, un lien fait de paille de seigle, un osier et plus tard des cordes. Juste avant la dernière guerre sont apparues les moissonneuses-lieuses qui faisaient de petites gerbes faciles à charger et à engranger. Après la moisson, restait l’éteule que l’on faisait pâturer après qu’il ait été glané par la famille ou les pauvres du village.

La moisson autrefois

 

     Puis c’était le battage ou dépiquage. Avant l’ère du machinisme, le battage se faisait au fléau. Les dépiqueurs se disposaient en cercle et abattaient leur fléau à tour de rôle et en cadence. Une autre manière consistait à étendre la récolte dans la cour balayée, à la faire piétiner par des bêtes jointes. Cette façon contestée, était peu utilisée pour le blé. Plus tard, sont intervenues les batteuses : batteuses mécaniques à traction animale ou batteuses à moteur.

La machine à vapeur à Vignes en 1938

La batteuse à Lansalot (Mant)

Le monte-paille à Lansalot (Mant)

 

     Ces premières machines étaient un progrès considérable sur les fléaux. Mais elles ne séparaient pas le grain de la balle. Il fallait donc vanner le grain avec le tamis, puis le van à manivelle ou tarare.

     La batteuse entraînée par le moteur à explosion a marqué un réel progrès, les courroies remplaçant les arbres de transmission. Elle vannait en même temps qu’elle dépiquait. Le grain "coulait" directement dans les sacs. Pour mener à bien la tâche, tous les propriétaires étaient là pour donner la main. Des hommes juchés sur le gerbier enfourchaient les gerbes blondes et les jetaient dans la gueule trépidante de la machine. Les plus forts attendaient que les sacs soient remplis pour les ficeler et les charger sur leurs épaules. A l’autre bout de la machine sortait la paille. Deux ou trois hommes la portaient par grandes fourchées à ceux qui construisaient la pile autour d’un mât. C’était le "paillé" ou "burguè", qui abritaient les chiens pendant l’hiver. Le dépiquage était un travail pénible. Effectué dans la chaleur de l’été, au milieu d’une poussière intense, il demandait un gros effort. A la fin, tous les hommes s’ébrouaient autour des seaux d’eau ou des abreuvoirs avant de prendre un repas copieux préparé par la maîtresse de maison aidée de ses voisines.

Le "pailhé" à Labouyrie (Mant)

 

La fenaison

     Pendant la belle saison, le pâturage permettait aux animaux de s’alimenter, mais pour les mauvais jours et l’hiver, il fallait autrefois comme aujourd’hui, prévoir une provision suffisante de fourrage. Nos ancêtres ne disposaient pas des moyens de locomotion rapides et puissants actuels.

     On faisait deux coupes de fourrage dans le même pré : une coupe de foin en mai ou juin et du regain deux ou trois mois après.

     Autrefois la fauchaison ou " dailhère " était très pénible. Elle se faisait le matin, quand l’herbe était humide ou le soir avec la rosée. L’outil était la faux (dailhe, dailhot) ou le "dragou", faux plus longue, dont le manche fait de frêne ou d’acacia était solide. Le battage de la faux préparait l’affûtage qui se faisait avec une pierre posée dans le coffin (étui de bois ou de corne) où elle trempait dans l’eau en cours de travail.

Les faucheurs

La faucheuse mécanique

Le râteau, les meules de foin

 

     La fenaison consistait à : étendre le foin à la fourche pour défaire l’andain, à le retourner pour le faire sécher, le mettre en rouleaux, puis en meules bien serrées pour résister aux intempéries. Le lendemain les faneurs l’étendaient de nouveau, le retournaient et ce n’est que lorsqu’il était bien sec qu’on le chargeait sur des "bross" ou charrettes à deux roues qui cahotaient allègrement dans les chemins caillouteux, creusés d’ornières. Le foin engrangé dans les fenils au-dessus des étables, descendait par des trappes dans les râteliers des bêtes. Ensuite sont apparus faucheuses, râteaux, faneuses qui ont permis de faner plus rapidement.

La culture du maïs

     La fertilité de la Chalosse et le climat favorable ont permis la culture du maïs depuis son introduction en France.

     Les semailles. Le maïs exige une terre riche, bien travaillée. Autrefois, après une bonne fumure, un labour aussi profond que possible, un hersage, la terre était marquée dans les deux sens, pour déposer à la main, graines de maïs, haricots montants, graines de citrouille.

     Plus tard, les semoirs à deux rangs tirés par les bœufs, ont facilité le travail des agriculteurs.

     Le sarclage, le buttage. Aussi vite que le maïs, poussaient les mauvaises herbes, qu’il fallait enlever avec le sarcloir tiré par les vaches, puis à la pioche entre les pieds de maïs et de haricots. Ensuite se faisait le buttage qui envoyait de la terre au pied de la plante pour retarder les herbes, consolider la tige, mais qui avait pour effet d’assécher le sol.

     L’écimage. Dès que la fécondation était terminée, on coupait toute la partie de la plante se trouvant au-dessus de l’épi. C’était l’écimage. Les cimes rassemblées en poignées, séchaient, posées sur les tiges de maïs. Tous les soirs, l’agriculteur donnait aux bêtes des cimes vertes. Lorsque les poignées de cimes étaient sèches, on les engrangeait pour servir de nourriture d’appoint pour le bétail pendant l’hiver. Ce fourrage était de mauvaise qualité ; il valait mieux produire du fourrage vert. Pendant l’été, les femmes cueillaient les haricots, qui, déposés sur des draps ou " mantes" étaient égrenés par battage avec des gaules, puis vendus aux marchés de Hagetmau et Arzacq.

Le marché d'Hagetmau

Le marché d'Arzacq

 

     La récolte. La récolte se faisait à la main dans des paniers ou des corbeilles vidées dans des charrettes tirées par des bœufs. Ce maïs était empilé dans la grange.

La récolte du maïs

 

     Le dépouillage. Ensuite, c’était la " despélouquère" ou "l’espélouquère". Le dépouillage était un autre témoignage de vie collective. Le soir, parents, voisins, amis se groupaient et, à la main, ou avec un poinçon de bois ou de métal débarrassaient le maïs de son enveloppe. Vers 11 h ou minuit, la maîtresse de maison offrait une collation.

     L’égrenage. L’égrenage se faisait à la main, par les personnes âgées, au coin du feu, puis plus tard avec des égrenoirs de plus en plus perfectionnés. Le grain tamisé, allait au marchand, servait à l’élevage des volailles ou était conservé dans un coffre. La farine de maïs permettait de faire la " méture ou l’escauton" (bouillie de maïs que l’on mangeait avec du lait ou dorée à la poêle avec de la graisse).

La culture de la vigne

     Chaque ferme avait son vignoble pour la consommation familiale. La récolte du raisin, la vendange, donnait l’occasion aux parents, voisins, amis de s’entraider. Depuis plusieurs années, la surface cultivée en vigne a considérablement diminué au profit de la culture du maïs. En 1969, la surface cultivée en vigne était de 40 ha 49a 26ca. En 1995, elle n’est plus que de 2ha 91a 38ca.

Le pressoir

 

 

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