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Première page]Le presbytère
Le presbytère en 1938 |
Nous ne pouvons évoquer les monuments religieux, sans parler du logement des prêtres. Anciennement, la paroisse n’avait pas de presbytère. Les prêtres logeaient selon leur convenance dans le bourg ou dans les environs. Le presbytère actuel était une vieille masure qui portait le nom de Petit Jean. M. Dubasque, curé de Mant depuis 1804, l’acheta en 1811 avec le jardin, le reconstruisit en 1819 et 1820.
En 1830 une écurie et un grenier à foin sont construits. En 1859, le fournil, le poulailler et les cabinets sont ajoutés. Cependant, le presbytère n’avait qu’un rez-de-chaussée qui laissait beaucoup à désirer. En 1881, grâce au prêtre, Mr l’Abbé Masseys, auteur du cahier paroissial, et à Mr Lambert Larquier, Maire, le presbytère a été transformé par une nouvelle distribution des pièces, la construction d’un premier étage et d’une double galerie. De plus on a creusé une citerne qui contient près de 3000 litres d’eau, élargi l’entrée, remplacé le chai par une remise.
Le presbytère a été habité par les prêtres qui se sont succédés dans la paroisse jusqu’en 1977, année du décès de Mr l’Abbé Dané.
Depuis, les services religieux sont assurés par le prêtre qui réside à Monségur. La commune a loué le presbytère.
Les fêtes religieuses qui ne sont plus célébrées
Pendant des siècles chaque paroisse ayant un prêtre, les offices religieux étaient suivis par de très nombreux paroissiens. Les femmes qui travaillaient à la ferme prenaient le temps d’aller à l’église pour toutes les fêtes religieuses qui étaient plus nombreuses que de nos jours. Les hommes allaient aussi aux offices, puis se retrouvaient dans les auberges, lieu de rencontre, pour jouer aux cartes, boire le verre de l’amitié, discuter des événements de la semaine.
La paroisse de Mant a eu un prêtre résidant dans le village jusqu’en 1977, date du décès de M. l’Abbé Dané. A cette époque M. le curé disait une messe tous les matins, deux messes le dimanche, vêpres l’après-midi. Les enfants allaient au catéchisme plusieurs fois par semaine.
Certaines fêtes ne sont plus célébrées de nos jours.
Les rogations
(Extrait du cahier paroissial Abbé Castaing 1928-1934 )
Ces processions avaient lieu les trois jours précédant l’Ascension. Déjà le jour de Saint-Marc, après la messe, à 6H30, dite pour les fruits de la terre, la procession se rendait au reposoir de la croix de Larquier, puis au Poublan, à Bounette, à Herran pour se terminer à Peye.
Le premier jour des rogations, le lundi avant l’Ascension, après la messe dite à 6H30, la procession partait au chant des litanies, des cantiques vers le Biellé avec les arrêts aux stations de Lamaison, de Peillane, la croix du Biellé au Prim, Larrecq, Pédehourcq où l’on arrivait vers 8H45.
Le mardi, le parcours était un peu moins long. Les stations se faisaient à la croix d’Auga, en face de Pémulè, Biéou, à Loustalot, au chêne de Labouyrie, vers Moëme. Une autre année, elle passait par Basté, Labouyrie, Laou, Couéche, Marlat, Ménaout.
Le mercredi, départ après la messe vers la croix de Peins, la "patte d’oie" Laborde de Bas, l’église Saint-Pierre où la messe était dite pour les défunts avec absoute au cimetière.
Au cours de ces trois processions, le prêtre bénissait le bétail qui se trouvait dans les champs ou qui était présenté à domicile. Ces processions avaient lieu par tous les temps."
La Fête Dieu
Chaque année, au mois de mai, deux dimanches consécutifs l’église célébrait la Fête Dieu. De bonne heure, les personnes volontaires préparaient un reposoir. Ce reposoir a été dressé à la croix de Lafitte (Maysonnave ), à la croix de Larquier, devant le presbytère.
Les hommes dressaient un autel, plantaient des bambous à l’arrière, tandis que les femmes habillaient de draps blancs la table et le fronton de l’autel. Elles le décoraient de guirlandes de fleurs, de bouquets, de cierges. Le parcours de la procession était jonché de fougères, d’herbes.
La cérémonie partait de l’église. Les jeunes filles portaient un voile blanc. Des fillettes, portant une couronne blanche, tenaient, suspendues à leur cou par un ruban, une corbeille de pétales de roses.
Monsieur le curé richement paré d’une cape blanche et d’une étole brodée d’or, marchait sous un dais tenu par quatre jeunes hommes. Il tenait dans ses mains l’ostensoir avec l’hostie. Une dame manœuvrait un claquoir et soudain deux fillettes quittaient la procession, se plaçaient côte à côte, saluaient et jetaient des roses vers le prêtre. Quand le prêtre se trouvait près d’elles, le claquoir retentissait, les fillettes saluaient et regagnaient leur place dans la procession. Pendant ce temps, la foule très nombreuse, suivait la procession et chantait de beaux cantiques. Arrivé au reposoir, le prêtre posait l’ostensoir sur l’autel. Les fillettes se mettaient en arc de cercle autour de lui et jetaient encore des roses toutes ensemble. Après la bénédiction, la procession regagnait l’église.
Liste des prêtres de Mant depuis 1797
De 1797 à 1844 : Abbé Dubasque. De 1844 à 1845 : Abbé Laborde Laban. De 1845 à 1846 : Abbé Passicos, curé de Philondenx. De 1846 à 1858 : Abbé Hontang. De 1858 à 1874 : Abbé Clavé. De 1874 à 1897 : Abbé Masseys. L’abbé Jean-Baptiste Masseys, à la demande de Monseigneur Victor Epivent évêque d’Aire et de Dax avait rédigé avec les archives paroissiales de l’époque, une monographie de Mant qui m’a permis d’avoir de précieux renseignements. Pendant son ministère, il avait créé diverses congrégations : des enfants de Marie, de la très Sainte Vierge, la confrérie de l’Immaculée Conception, le Tiers ordre. Je n’ai pas de renseignements précis relatant le baptême de la cloche de Saint Pierre qui a pour parrain et marraine J. Castaing et J. Maisonnave car depuis 1943, et c’est regrettable, aucun événement religieux n’a été noté dans le cahier paroissial. Mais voici comment s’était déroulée la cérémonie du baptême de cette cloche quand elle avait été installée à l’église Saint-Pierre le 11 décembre 1876 :
"Le lundi 11 décembre, la population de Mant était en fête à l’occasion du baptême de la cloche de Saint Pierre. La cérémonie fut présidée par Monsieur Lorreyte curé doyen de Hagetmau, en présence de dix prêtres des paroisses voisines. Cette cloche avait été achetée par Marie Marguerite Larquier, née Géresse. Le lendemain, aux premières heures du jour, une cinquantaine d’enfants n’ayant pas encore fait leur communion se groupent sur la place de l’église autour d’un petit char de triomphe, enguirlandé de lierre, sur lequel était installée la cloche bénite la veille. Bientôt au signal donné par les cloches du bourg, le défilé commence au milieu d’une émotion générale. Les petits garçons tirent ou retiennent le char et les filles l’accompagnent en tenant des rubans tous rattachés à la cloche. On arrive au cimetière. La cloche immédiatement montée à son campanile, s’empresse d’inviter par ses tons plaintifs, les assistants à la prière pour les défunts. Son langage est délicieusement interprété pendant la messe par monsieur Rosier. Les heureux témoins de cette touchante cérémonie, surtout les enfants garderont longtemps le souvenir des douces émotions qu’elle leur procura. Depuis lors, la cloche de Saint Pierre annonce par ses volées et ses tintements funèbres l’arrivée et la déposition d’un nouveau mort dans sa dernière demeur".
L’Abbé Masseys originaire de Dumes quitta Mant le 1er septembre 1897. De 1897 à 1904 : Abbé Saubusse. De 1904 à 1924 :Abbé Laloubère. Du 14 Novembre 1914 au 3 Mars 1915 et du 17 Décembre 1915 au 10 Janvier 1919 l’Abbé Laloubère étant mobilisé, le service de la paroisse est assuré par intermittence par l’Abbé Lafargue, curé de Monségur. Cet abbé étant décédé, la paroisse est restée sans messe le dimanche. Les fidèles se réunissaient à l’église. En 1917, l’Abbé Lafitte de Peyre ou l’Abbé Lux de Samadet vient dire une messe. L’Abbé Laloubère revient jusqu’en 1924. De 1925 à 1928 : Abbé Ducastaing. De 1928 à 1934 : Abbé Castaing. De 1934 à 1943 : Abbé Mary. De 1943 à 1977 :Abbé Dané décédé à Mant. De 1977 à 1986 : Abbé Labat résidant à Monségur. De 1986 à 1994 : Abbé Pantaignan résidant à Monségur. Depuis 1994, Le Père Santuc ancien missionnaire au Pérou, résidant également à Monségur.
Nous ne pouvons terminer ces informations religieuses sans parler actualité.
Dans le monde rural, la dépopulation rapide et la diminution du nombre des prêtres ne permet plus d’assurer la présence d’un prêtre dans chaque paroisse. Depuis plusieurs années, chaque curé de campagne doit prendre un nombre de plus en plus grand de lieux de cultes.
Actuellement, le diocèse est passé de 354 paroisses à 36. Ce sont "les paroisses nouvelles". Mant fait partie désormais de "Saint-Girons-en-Chalosse, avec 24 relais paroissiaux.
PROCES ENTRE LES COMMUNAUTES DE MANT ET LA BARONNE DE MONGET
Mant et Monget, séparés par le Luy de France vécurent en bonne entente pendant de nombreuses décennies, surmontant les guerres de religion, les variations climatiques et les aléas de la vie agricole. La discorde s’installa entre eux pendant les trente trois ans que dura un procès intenté par la Baronne de Monget.
Ce procès qui créa la désunion au sein même de la communauté de Mant, fut occasionné par la réclamation de droits féodaux sur des terres de pâture appelées landes de Baillé, situées sur la commune de Mant. En 1757, la Dame Dabadie, épouse du seigneur de Crouseilhes, baronne du fait de son mari qui venait d’être ennobli en 1753, s’avisa de réclamer un paiement pour les coupes de thuye et le droit de pacage en alléguant des droits féodaux. Ce procès fut une longue suite d’arrêts, de pourvois, de chicanes entre les deux parties.
Il fut fait référence aux nombreux arrêtés qui existaient depuis 1453. En effet, une sentence arbitrale rendue en 1453, par le Vicomte de Carmain, seigneur de Navailles, stipule que les landes de Baillé sont bien situées dans la commune de Mant, que la paroisse de Monget est située de l’autre côté du Luy qui sert de limite aux deux diocèses d’Aire et de Lescar, que pour aller de Monget à Mant, il faut traverser le Luy et changer de diocèse. Il est également noté que la commune de Mant est propriétaire incontestable avec les Abbés et religieux du monastère de Pontaut, des trois quarts des bois et landes de Baillé, qu’elle a sur le quart restant un droit d’usage qui n’est ni borné ni limité par rien.
En 1623, la sentence arbitrale reconnaît les décisions de celle de 1453 et les actes passés entre le monastère et les habitants de Mant du mois de novembre 1601. L’entente avec les moines de Pontaut n’était pas toujours parfaite. Au début du XVIIe siècle, il y eut de nombreux incidents entre la communauté de Mant et les moines au sujet : " des entreprises sur les bois ou la forêt de Bailhé, dont les uns et les autres se plaignaient respectivement : on a recouvré, entr’autres, la Requête en plainte que le Prieur de Pontaut présenta au Lieutenant Criminel de Saint-Sever. Il y prend, au nom de l’Abbaye, tous les titres les plus fastueux ou les plus emphatiques : ils sont dit-il les vrais seigneurs, en compagnie des seigneurs de Monget de la forêt de Bailhé. Le fait dont il porte plainte, est une entreprise et voie de fait commise à mains armées et avec attroupements, par les habitants de Mant, pour empêcher les serviteurs de l’Abbaye de couper dans la forêt le bois nécessaire pour son usage. Il y avait eu des coups donnés et du sang répandu". La sentence de 1601 stipule que les habitants de Mant ont les mêmes droits qu’auparavant.
Quels étaient ces droits? Ils pouvaient faire paître les troupeaux, qui le plus souvent étaient gardés par le même pâtre pour plusieurs propriétaires, couper du bois, jouir de tous les fruits, cueillir les glands réservés aux cochons, couper de la thuye. Pour les trois quarts du quart restant, les habitants de Mant devaient donner à la communauté de Monget, à perpétuité, à chaque Fête de Notre-Dame de septembre, trois conques d’avoine, qui équivalent à peu près à deux boisseaux, c’est-à-dire environ trente-deux litres.
Le procès dura de 1757 jusqu’à la révolution. Une première sentence fut prononcée le 12 septembre 1757, puis une seconde en 1763, interlocutoire, qui sans juger sur le fonds demandait des éclaircissements. La troisième sentence rendue le 27 août1764, probablement défavorable à Mant puisque le 24 juillet 1767, le syndic de Mant fait appel, demandant la relaxe de toutes les conclusions et condamnations prises contre lui. Le 23 avril 1768 une requête et opposition est faite par le syndic de Monget. A cette époque le seigneur de Crouseilhes se mit à surveiller les débats à la place de sa femme. Le 13 août 1774 la cour condamne le syndic de Mant à une amende de 24 livres et le condamne à payer tous les dépens. M. Lapeyre, syndic de Mant présente une requête demandant au seigneur de Crouseilhes de faire preuve de ses droits de propriété sur la seigneurie de Monget et les landes de Baillé. Mais le 30 avril la cour condamne le syndic de Mant à payer 1731 livres 13 sols et 3 deniers. Voici ce qu’écrivait M. Lapeyre à M. Castéra premier Jurat de Mant. (M Castéra était originaire de " Laprébendère" et était le quadriaïeul du docteur Raymond Castéra né également à Mant et habitant Bordeaux) :
" Lorsque ma lettre vous parviendra, vous serez le premier Jurat de notre paroisse, je souhaite de tout cœur que votre santé vous permette de vous en acquitter avec toute la probité que je reconnais en vous; j’espère que lorsqu’il sera question de consulter quelque chose d’important, vous prendrez des gens sages et désintéressés dans les faits dont il pourrait s’agir. Votre place l’exige, vous devez être le protecteur et le défenseur de la communauté.
Vous n’ignorez point le motif pour lequel je suis ici avec mon consort et combien il est de conséquence pour notre malheureuse communauté, veuillez, je vous en prie vous joindre à nous et nous aider en tout ce que vous pourrez pour la relever autant qu’il sera possible et pour cela, il faut vous mettre au fait de ce qui se passe.
La première délibération du 2 septembre 1777, le nombre d’habitants pour nous pourvoir ne fut pas trouvé (64 habitants ne font pas les deux tiers ).[...] Nous avons demandé aussi qu’on nous envoie six cents livres au plus tôt pour l’avocat, il faut les faire entre tous ou aller emprunter quelque part à quel prix que ce soit... Surtout faites en sorte d’empêcher que personne n’achète de la thuye à Bailhé, je veux dire aucun de Mant, ce serait nous faire un tort infini, il faut avoir de la patience. La grâce que je vous demande : aidons-nous et entendons-nous pour faire notre possible pour relever notre communauté qui est perdue sans cela... Vous savez qu’il y a des gens qui ont trahi la communauté. Méfiez-vous en surtout et soyez prudent et discret, vous savez que nous avons affaire à quelqu’un qui vous fera espionner par des gens du lieu.
Je vous souhaite une bonne année, ainsi qu’à votre respectable épouse et à votre très chère famille. Mon consort me charge de pareille commission de sa part.
J’ai l’honneur d’être bien sincèrement, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur.
A Paris le 26 décembre 1777.
Lapeyre. "
Ainsi, Jean Castéra, premier Jurat de Mant proposé par la majorité de la population et choisi par le baron Dysès, seigneur de Samadet, Mant et Monségur se trouve honoré d’une charge pleine d’écueils et bien difficile, car la plus grande partie de la communauté a traité avec la baronne de Monget. Il existait deux clans rivaux parmi les habitants. La partie adverse de M Lapeyre était dirigée par M. Larquier, Maître en chirurgie, M. Salles, M. Prugue Jean-Pierre (quadriaïeul de Gaston Castaignos). M. Basquiat jugeant la communauté de Mant écrivait à l’intendant le 10 mars 1782 : " cette communauté n’est composée que de paysans et je n’ai pas cru qu’il y en eut d’autres en état de procéder à la vérification des faits. "
Il est certain que M. Larquier avait mieux apprécié que M. Lapeyre les conséquences pécuniaires du procès et les risques à courir en persévérant dans la procédure. Son clan avait traité avec la Baronne. Lapeyre veut continuer la procédure, mais après des divisions et des oppositions, le jugement est signifié avec réquisitoire le 24 juillet 1778 et exécutoire, portant contrainte et ordre de saisie sur les biens meubles et immeubles à J Castéra, dit Laprébendére, à Majurou Pédangos, deux de Touyouse et Mathieu Simon, dit Mimbielle.
Le 21 juillet 1778, La dame de Crouseilhes adresse avec copie de l’arrêt du parlement un commandement, à M. Lapeyre dit Petitjean syndic de la communauté de Mant, réclamant la somme de 18333 livres 6 sols 8 deniers et aussi celle de 2625 livres 14 sols 9 deniers par année pour les coupes de thuye et fougère faites dans la lande de Baillé à compter du 31 juillet 1768 jusqu’au 30 avril 1777. Le 5 août les principaux habitants protestent. En 1779, J. Castéra redeviendra simple laboureur et ne sera plus impliqué dans le conflit qui va opposer Lapeyre à d’autres premiers jurats. Une ordonnance de l’intendant du 29 juillet 1778 avait permis à la communauté d’emprunter 2000 L pour fournir aux frais du procès. M. Diris fut premier Jurat en 1779-1780 et 1781. Il était secondé par M. Larquier et le clan de tous ceux qui avaient traité avec la baronne et étaient hostiles aux impositions qui pourraient résulter de l’addition des dépens aux rôles de la taille. Or c’est la supplique de M. Lapeyre qui nous l’apprend, M Diris avait détourné à son profit une somme de 333 livres sur les impositions et pour ne pas que cette opération fut ébruitée, il retarda pendant trois ans de 1779 à 1782 la reddition des comptes de Lapeyre. En 1782, Jean-Pierre Prugue, ami de Diris, lui succède comme premier Jurat aidé de M. Salles et M. Larquier, Bayle. Il fera tout ce qu’il pourra pour empêcher que M. Lapeyre puisse être remboursé des frais que lui avait occasionné le procès. Il s’arrangera pour que la convocation des habitants se fasse mal, le quorum n’était pas atteint pour valablement délibérer, car le clan hostile à Lapeyre s’abstenait de se présenter. Après de nombreuses mésententes, querelles, la nomination de deux notaires permit la vérification de tous les comptes.
La nuit du 4 août 1789 vota l’abolition des droits féodaux, les décrets du 5 et du 11 août supprimèrent les droits personnels. Cependant le procès de Monget ne fut terminé qu’après 1790. La consultation de trois avocats ayant trait au procès de Monget fut le dernier acte, car le Parlement de Bordeaux cessa d’exister. Pendant la Terreur, Jean Lafargue, homme de loi, qui avait signé l’extrait des registres du 3 avril 1777, fut guillotiné le 23 novembre 1793, et le conseiller, rapporteur de l’arrêt du 2 mai 1777, fut guillotiné le 9 juillet 1794. Nous ne savons pas ce qu’il advint au seigneur de Crouseilhes et à la baronne de Monget, mais ils sont restés longtemps dans la mémoire des habitants de Mant comme le type de nobles haïssables. La commune de Mant fut très appauvrie par ce procès. Voici un extrait du cahier de la communauté de Mant, pour les Etats Généraux, le 9 mars 1789 : " Les jurats et habitants de la communauté de Mant ont essuyé un procès pendant l’espace d’environ cent ans contre le seigneur de la communauté de Monget, (ce qui n’est pas exact )juge au Parlement de Bordeaux l’année mil sept cent soixante dix sept en faveur du dit seigneur et communauté de Monget, dont les dépens, dommages et intérêts montent à la somme d’environ cinquante six mille livres, de sorte que la communauté de Mant après deux cent quatre vingt treize ans du ténement des landes qui faisaient l’objet de ce procès, la dite communauté de Mant a été condamnée au paiement de la susdite somme. Elle se trouve par conséquent épuisée,... les terres ne produisent que peu, faute d’avoir eu une quantité nécessaire d’engrais ... "
Extrait du discours de J. Castéra premier Jurat de Mant, avant les élections à l’Assemblée Législative en septembre 1791.
"Vous, peuples des campagnes qui jouissez déjà de plusieurs bienfaits de la constitution, vous qui êtes élevés au niveau de ceux dont vous étiez hier les esclaves tributaires, vous qui ne craignez plus que l’impossibilité de payer un fief arréragé vous fasse perdre l’héritage de vos pères, vous qui savez maintenant qu’un instant de plaisir à la pêche ou la chasse ne vous jettera pas dans les cachots et ne vous enlèvera pas à votre famille pour vous confondre avec les forçats, vous enfin qui vivez ci-devant, sans privilèges, sans exemptions et qui jouissez aujourd’hui des plus beaux "présents"... qui puissent exister parmi les hommes : d’une égalité proportionnelle dans les contributions et les charges, d’une égalité absolue dans l’influence et la participation à toutes les administrations et on pourrait vous persuader que vous ne commencez pas à être heureux![...] "
Qu’est devenue la famille de Crouseilhes? Dans la revue de Pau et du Béarn de 1977 n°5, M. d’Andurain de Maytie publie le testament du dernier Baron de Crouseilhes.
Il faut croire en la justice immanente de la Providence qui se manifesta tardivement, mais fut inexorable pour les héritiers de cette famille. Le petit-fils de l’auteur du procès Mant-Monget, baron de Crouseilhes décéda le 19 février 1861, sans enfants. Son testament fait en 1849 était tellement long et complexe qu’il engendra mésentente et procès entre les héritiers.
Son testament était bâti sur les deux termes d’une alternative due à ce qu’il instituait des héritiers à naître, dont la venue au monde était par conséquent hypothétique. A cet effet, le texte fait appel tour à tour à ce qu’on nomme en droit la condition suspensive et la condition résolutoire ; il traduisait de plus un goût prononcé pour ce qu’en langage juridique encore se nomme la substitution. Enfin, il émettait de nombreux vœux dont quelques uns impliquaient au cas de non réalisation : révocation pure et simple de l’héritage.
Sa fortune immobilière était évaluée en 1861 à 1 500 000 francs. Il possédait plus de vingt communes, six grands châteaux, des terres éparses d’une superficie de 2000 hectares, des fermes des moulins, etc. Mais il avait aussi des dettes, car ancien Pair de France sous la monarchie de juillet, il vivait largement. La liquidation de l’héritage se fit en 1869 et du fait des dissensions entre héritiers, cette fortune se réduisit à néant.
M. d’Andurain de Maytie, seul héritier survivant ne possède que quelques tableaux et de belles chaises hollandaises visibles dans ses demeures de Pau et d’Oloron.
Sous la Révolution les communaux furent partagés. Les landes et les pâturages, considérés comme improductifs furent divisés en parcelles et distribués à tous les propriétaires. La commune conserva les bois.
Vers la fin du XIXe siècle, le pin maritime introduit dans le département des Landes permit le boisement de la colline où se trouvait le moulin à vent et la Pyramide. En 1910, le Général commandant l’artillerie du 18ième de Mont-de-Marsan, demanda l’autorisation d’utiliser les landes comme champ de tir. Le conseil municipal accepta à condition que l’indemnité versée soit de 0,50 F par tête de bétail. La "lande basse" qui servit pour des manœuvres pendant la guerre de 1914-1918, fut plantée de pins vers 1920. Plus tard, cette lande a été mise en culture.
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