LE VILLAGE DE MANT

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Table des Matières]

Carte postale envoyée en 1908.

 Mant, petit village de Chalosse, 322 habitants actuellement, est situé au sud du département des Landes à la limite des Pyrénées Atlantiques, dans le canton de Hagetmau.

     De tous les côtés, il faut monter pour accéder au bourg, d’où la supposition, pour Monsieur l’Abbé Masseys que Mant est une déformation de Mont. Cependant, Albert Grenier dans la revue "Manuel d’archéologie routes romaines", assimile le celtique "Matelum" à "Viacum", et donne à Mant le radical route. Récemment, Jean Mantovani, m’a envoyé des documents qui permettent de penser que Mant appartient à la famille de noms propres d’origine pré-latine. Le Dr Paul Lemoine s’est penché sur le "cas" de Mant. Il y fait référence une première fois dans sa "Toponymie du Pays Basque français et des Pays de l’Adour"-Picard-1971. Dans la partie qu’il consacre aux "noms gaulois", il mentionne : "Mantello, chemin. Ce mot, souligné par Déchelette, mais rarement employé, paraît expliquer MANT, canton de Hagetmau (de Menta, 1289, Rôles Gascons tome II, page 509, recueil des textes médiévaux publiés par Charles Brémont en 1885-1905- Imprimerie Nationale ) " Le site du Moulin de Mant est exceptionnel, on y jouit d’une vue très étendue sur le Tursan et la Chalosse ; l’antique chemin de Saint-Sever à Bénéharnum (aujourd’hui Lescar) est parfaitement visible sur cette crête ". Ce chemin "l’Arzagais " , ancienne route de Hagetmau à Arzacq, figurait sur l’ancien plan de Mant et sur les cartes de la région : carte de Cassini de 1786 et carte de Chanlaire de 1790. Manthes dans la Drôme, (Mantula en 1408), Mansle en Charente (Mantulae au XIe siècle) sont composés à partir du même radical. Ce dernier a un rapport direct avec les voies de communication donc les routes, les grands cols, col de Menté dans les Pyrénées, col de Manta en Corse.

     Le bourg de Mant est perché au sommet d’une colline. Les maisons s’allongent de chaque côté d’une rue principale ; les autres habitations sont dispersées dans la campagne et forment des quartiers.

Limites du village

     Au nord : Monségur (ruisseau de Larbin), à l’ouest : Peyre (le Luy), au sud : Monget (le Luy) au sud-ouest Malaussanne, à l’est Arboucave, au nord-est Samadet. Le relief comprend : une vaste plaine arrosée par le Luy, Larruton, le ruisseau de Larbin, une série de coteaux et de vallons, une longue colline autrefois couverte de landes et de pins. C’est le long de cette colline, que se trouvaient le moulin à vent, la pyramide, le "cimetière de Monget". De l’autre côté, vers Samadet s’étend la vaste plaine, "la lande basse", aujourd’hui mise en culture.

Les routes

     Mant est traversé par les routes départementales: n° 18, Tartas, Hagetmau, Morlanne ; n° 173 Mant Samadet; n° 664 Mant Malaussanne. De nombreux chemins ruraux et vicinaux goudronnés vont dans tous les quartiers et relient le village aux communes limitrophes.

     Quelques chiffres pour l’altitude : Moulin à vent : 203 m, maison du Chique : 136,88 m, église du bourg : 137,5 m, maison de Vincent : 74,41 m, pont de Larruton : 72,41m. Deux plaques d’altitude ont été placées assez récemment, au bord de la route vers Samadet : 186 m, au foyer rural : 138 m.

Nature du sol

     Les terres sont formées de sols bruns humifères dans la plaine, vers Samadet, de sols colluviaux caillouteux dans les pentes, de sols lessivés profonds, de sols très caillouteux argileux et limoneux argileux dans la plaine du Luy. Autrefois les carrières de pierre du Placiat étaient exploitées, ainsi que les marnières (Laouilhé et Moëme) ; les sablières nombreuses, étaient encore exploitées après la dernière guerre. On en trouvait surtout à Labouyrie, Bailhé, Pémulé, Laou, Labernaou, Barbacane, Jeanbaquè, Garbay, Cassoulet. L’exploitation des dernières a cessé vers 1970. La plupart ont été abandonnées, des éboulements ayant comblé l’entrée.

L’hydrographie

     L’eau est abondante dans le sous-sol, les sources sont très nombreuses. Avant la construction des puits, et l’adduction d’eau, les habitants de Mant allaient chercher l’eau à la fontaine la plus proche. C’est ainsi que l’on trouvait des fontaines dans tous les quartiers. Au bourg, la fontaine de Prugue où il y avait un lavoir, au quartier de Basté, au Hourquiroun, à Labertile, à Moëme, à Couéche, à Labouyrie où actuellement on puise encore l’eau avec une motopompe. Au Biellé fontaines de Truco, (source du ruisseau du Baillerat), de Mounille (Moulin à vent) de Biellé, de Mounach (Bernès) de Mimbielle, de Cassoulat, de Haou dou Toun. Il y avait également la fontaine de Téouléroun, de Pens, de Mounet. La profondeur des puits varie selon les quartiers : au bourg 23m, au Biellé de 8 à 23m, mais les moins profonds tarissent en été, au quartier de Peillane de 20 à 25m, vers la plaine du Luy de 28m à 8m.Certains sont encore utilisés avec la motopompe pour suppléer à l’eau du secteur, comme chez Prugue à "Peillane".

     Le Luy de France prend sa source dans le plateau de Ger (Pyrénées Atlantiques) et se jette dans l’Adour après Dax. A Mant, le Luy sert de limite avec Monget et Peyre. Ses rives verdoyantes attirent de nombreux pêcheurs. Le Luy reçoit sur sa rive droite : Larruton qui vient de Malaussanne et se jette dans le Luy au pont de Peyre. Le ruisseau de Saint-Pierre, prolongement du ruisseau de Lagouazé, alimenté par la fontaine de Prugue. Le ruisseau de Larbin, dont la source est dans la lande, est rejoint par les ruisseaux des Cassourets, de Lacroutz, de Galet, de Labernaou. Les ruisseaux du Baillerat, de Laouilhè, du Chique, grossissent les eaux de Labernaou. Depuis le remembrement, le cours de Larruton a subi des modifications.

Vue Générale de Mant (Carte postale envoyée en 1927)

 

 

HISTOIRE DU VILLAGE...

     Les vestiges préhistoriques et protohistoriques, décelés à Mant, par le service régional archéologique, dirigé par F. Didierjean, permettent de penser que sur nos terres, vivaient des paysans et que notre village, était une voie de communication pour les populations nomades.

     Les tumulus, éminences formées par l’accumulation de pierres ou de terre au-dessus d’une sépulture, typique de l’âge de bronze témoignent d’une présence humaine. Ces ouvrages circulaires peuvent atteindre quarante mètres de diamètre. Sont-ils dans notre région sur des chemins de transhumance ou concernent-ils des populations agro-pastorales sédentaires?.

     Les tumulus ont été repérés par détection aérienne à partir de 1984 : un au lieu dit Basté, deux aux Landes de Navailles, et une petite nécropole de quatre voire cinq tertres à Tourouns (l’un est incertain).

Le tumulus de Basté

     Le tumulus de Basté a une histoire : il aurait été fouillé vers 1920, dans des circonstances restées obscures, peut-être par des officiers pendant la première guerre mondiale, car les landes situées au nord du village servaient alors de champ de tir. Une partie au moins du mobilier recueilli fut déposé à la mairie, où il tomba dans l’oubli. Le tumulus est aujourd’hui arasé, mais sa trace est parfois encore visible d’avion : il fut donc retrouvé, et la prospection au sol en 1995 a permis d’évaluer son diamètre originel à 13 m environ. On a recueilli sur le site un peu de silex taillé (nucléus) et des galets dont certains sont taillés (une pointe), ainsi qu’un fragment d’urne en céramique.

     Le mobilier des anciennes fouilles a été retrouvé, grâce aux indications de Mme Maisonnave : il se compose de trois fragments de torques en bronze à cannelures longitudinales, dont l’un a conservé un de ses tampons terminaux ; d’un fragment de la tige d’une lance de fer dont on voit à la radiographie une des bagues de la poignée ; de quelques fragments de fer agglomérés d’usage indéterminable ; de quelques fragments de céramique protohistorique dont deux fonds de vase, l’un contenant encore un dépôt de cendres, dont leur surface externe a conservé la trace.

     En l’absence de décors sur la céramique, les seuls éléments de datation sont les objets de métal : la comparaison avec d’autres objets trouvés dans la région conduit à dater le mobilier du Premier Age de Fer. Le tumulus est probablement de la même époque, mais on ne peut être affirmatif sur ce point, car on ne connaît pas l’emplacement précis des objets : enfouis sous le centre du tertre ou placés en surface à sa périphérie ?

Dessins de F. Didierjean

Fragments de torques en bronze

 

Les tumulus de Tourouns

     Le vol du 28 mai 1994 a révélé un tumulus au lieu-dit Tourouns, à l’emplacement d’une parcelle déboisée en 1992 pour mise en culture. Le mobilier consiste en objets de métal et en céramique.

     Un petit bracelet de bronze ouvert, à décor de larges nervures externes et stries internes ; de nombreux débris de fer ont été recueillis. La radiographie a montré parmi eux, les antennes d’une épée de type aquitain, deux petits éléments pouvant provenir du fourreau, et un anneau. La céramique est très fragmentée ; on y reconnaît deux anses à couverte noire d’une même urne. L’ensemble est du Premier Age de Fer. Les objets recueillis provenaient de sépultures secondaires établies sur le tumulus déjà érigé, et donc postérieures à lui. La sépulture est conservée en profondeur. L’état actuel d’arasement d’un tertre ne signifie donc pas qu’il ne présente plus d’intérêt archéologique.

     Sur la colline qui domine le village et dont l’altitude varie de 186 m à 203 m se trouvaient plusieurs sites. Le cimetière de Monget, la Pyramide de Mant, le Moulin à Vent.

Bracelet (Décor extérieur : bandes saillantes, décor interne de stries)

Dessins de F. Didierjean

Dessins de F. Didierjean

 

Le Cimetière de Monget

     Voici un extrait du cahier paroissial :

"L’un des manchons qui domine le bourg de Mant est couronné d’une vaste enceinte, ayant les apparences d’un camp romain. Les quelques fouilles que l’on y a déjà opérées ont fait découvrir des fondations d’un mètre de profondeur, ainsi que des fragments de grosses briques, de colonnettes, etc. Cependant, la tradition populaire donne à ce lieu, tantôt le nom de cimetière de st Jean et tantôt celui de cimetière de Monget. La même tradition ajoute que Monget était autrefois bâti en ces lieux. Mais ayant eu de graves démêlés avec les habitants de Mant au sujet des sources qui ne pouvaient plus fournir assez d’eau pour tous, ceux de Monget allèrent s’installer au-delà du Luy de France, sur la colline qui fait face au bourg de Mant. Qu’y-a-t-il de vrai dans cette bizarre explication, nous l’ignorons. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que la plupart des propriétaires de Monget possèdent ou ont possédé toutes les landes qui à partir de ce soi-disant cimetière, s’étendent jusqu’auprès du moulin de Baillé. De plus, Dame Marie Dufréchou qui habitait la maison noble de Monget, ajoutait à son nom (1754) les titres de Baronne de Burgaux et Gentillesse de Baillé. Or ce nom de Baillé est donné à cette partie de la commune de Mant qui avoisine le manchon dont nous parlons. Malgré cette tradition et ces renseignements nous ne pouvons croire à un si étrange déplacement des habitants de Monget. Mais gardant pour la susdite enceinte tout court, nous inclinerions plus facilement à penser que ces lieux ont été le théâtre de quelque grande bataille, et partant, d’un grand carnage. On aurait enterré les morts sur place, de là le nom de cimetière. "

     Récemment, Monsieur François Didierjean, grâce aux techniques modernes a apporté des précisions sur ce site.

     Au lieu dit Las bachottes (ou cimetière de Monget) découverts en 1984 par François Didierjean, une enceinte curvilinéaire et un cimetière médiéval ont été étudiés par D.Roux lors d’une fouille de sauvetage urgent en 1985. Placé sur un point culminant, l’ouvrage était jusque-là masqué par le couvert boisé. Le rempart de terre, endommagé par la construction d’un réservoir d’eau, apparaît en clair dans le labour. Une porte l’interrompait au sud-est, et il était précédé d’un fossé (tache sombre). Le site a été occupé à l’époque protohistorique, mais on y a trouvé quelques vestiges antiques, et l’occupation a repris au Moyen Age, avec une activité métallurgique, comme l’a montré un sondage pratiqué en 1985 par C.Hanusse et D.Roux, à droite de l’entrée.

Note sur une hache polie du cimetière de Monget par F. Didierjean

      Une grande hache polie a été trouvée vers 1986 par René Dupouy dans une parcelle lui appartenant, tout près de l'extrémité nord de l'enceinte du lieu-dit "Cimetière de Monget".
      Longue de 32,5 cm pour une épaisseur maximale de 4,7, elle est taillée dans une roche grise dure et grenue, veinée d'un gris plus clair, qui comporte des taches brunes dont la plus grande possède une auréole centrale très grenue, d'aspect osseux.
      La surface présente des stries longitudinales disposées en oblique, surtout près du talon. Le tranchant est partie écaillé.
La présence de cet objet est un indice supplémentaire de l'ancienneté de la présence humaine sur le site : ce genre de hache est en effet caractéristique de la période néolithique. Sa taille anormalement grande pose le problème de son utilisation : il pourrait s'agir d'un pic.

 

La Pyramide de Mant

     A quelques centaines de mètres du cimetière de Monget dans la direction du nord-est, se trouvait une autre proéminence, sur laquelle était construite autrefois ce que la tradition populaire et Cassini dans ses cartes appelaient la Pyramide de Baillé.

     En1739, il fut question de la réparer car elle avait été abattue par des gens mal intentionnés qui avaient volé les matériaux en fer et en plomb.

     Ce fut le premier Jurat de Mant, nommé Mimbielle qui, représentant la paroisse et la communauté de Mant, commença par lever une somme d’argent chez les habitants de la paroisse. Il fit l’achat des matériaux nécessaires, procura le transport, chercha les ouvriers, les mit au travail, leur paya les journées, tint des états de toute la dépense et en rendit les comptes à l’Intendant. En 1766, des ingénieurs géographes vinrent dans la région et trouvant le lieu commode pour leurs opérations l’utilisèrent. Puis ils y plantèrent un pin. (D’après le livre relatant le procès entre les jurats de Mant et la Baronne de Crouseilles).

 

Le moulin à vent

     Les cartes Michelin mentionnent toujours la présence du moulin de Mant. Beaucoup de touristes de passage essaient de le situer mais si de nombreux vestiges étaient apparents au XIXe siècle, actuellement, seul le site subsiste, recouvert par la végétation. D’après les renseignements recueillis, deux pièces jouxtaient le moulin, une pour le meunier, l’autre pour le mulet. Quand le site a été cultivé, les labours ont mis à jour des pierres, des briques et des tuiles. Des habitants de Mant m’ont raconté des anecdotes au sujet de ce moulin à vent. Selon une personne aujourd’hui décédée (Marie Fautoux) il aurait été habité par deux célibataires qui détroussaient les voyageurs de passage, d’autres qu’un trésor de pièces d’or avait été trouvé par un habitant du village. Aucun document n’existe dans les archives pour vérifier l’authenticité de ces renseignements.

 

 

LES ORIGINES DU BOURG

Place de Mant, autrefois

     Les archives de la commune et de la paroisse de Mant, antérieures à l’époque des guerres de religion, ayant été détruites par les Huguenots en 1569, on ne sait rien sur leur commencement. Il est vraisemblable que l’origine du bourg remonte au Moyen-Age, époque où les populations se groupaient le plus possible autour des châteaux féodaux pour être mieux protégés contre les invasions barbares.

     De fait, le château de Mant (Maison de Labat), ainsi que les maisons bâties à son ombre, installés sur la crête d’une colline étaient autrefois défendus par un large fossé.

     Le propriétaire du château de Mant était le seigneur d’Arboucave. Cette maison noble de Labat par suite des transformations successives qu’on lui a fait subir, avait perdu son cachet. Pendant longtemps, elle a été un lieu de rendez-vous de chasse.

     Le seigneur qui la possédait en 1789, s’appelait D’Abadie. Comme il émigra, la nation la vendit à Mr Larquier, fils cadet de Mr Larquier vétérinaire. Ensuite cette maison a appartenu à la famille Passicos, à Madame Ducamp de Saint-Pandelon, à Jeanne Dufréchou-Prévôt. Le conseil municipal avait envisagé en 1951 son achat pour y installer la mairie et une salle de réunion. Elle est devenue la propriété en 1952 de Gustave Mimbielle et sa fille Maïté Ponneau-Mimbielle l’a restaurée.

Maison de Labat

 

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